[chronique] Divisons-nous, mes frères !
Le paradis sera le paradis de l’apartheid avec ses frontières étanches, ses miradors, ses anges casqués et lourdement armés. Mais pourquoi en rester aux divisions religieuses. Le sexe n’est-il pas devenu une identité à part entière ? A la demande d’une association danoise, un espace est désormais réservé aux homosexuels dans un cimetière de Copenhague. Motif : « Nous ne souhaitons pas nous isoler mais nous ressentons aussi le besoin d’être ensemble. »
Pour faire quoi ? Jouer aux osselets dans le noir ? Organiser des partouzes ? Enfin, puisque notre époque est à la fausse tolérance et à la vraie bêtise, on suggère d’aller encore plus loin. Pourquoi pas des espaces réservés aux bisexuels, aux transsexuels, aux asexuels ? Aux onanistes, aux gérontophiles, aux zoophiles ?
La sexualité n’étant pas le seul marqueur de l’identité, on pourrait étendre le principe à tous ceux qui pour des raisons de politique, de physique, de santé, se retrouvent malgré eux dans des communautés. Pourquoi pas des espaces réservés dans les cimetières aux communistes, aux socialistes, aux UMPéistes, aux centristes ? Aux chauves, aux rouquins ? Aux aveugles, aux sourds, aux muets, aux unijambistes ? Aux zoreils, aux créoles ?
Dans la logique communautariste de notre époque, ce serait évidemment l’idéal. Mais cela ne vas pas sans problème pratique. Où enterra-t-on les homosexuels musulmans rouquins, les lesbiennes juives unijambistes, les transsexuels chrétiens communistes, les athées bisexuels UMPéistes, les bouddhistes gérontophiles chauves, les protestants sadomasochistes muets, les hindouistes socialistes onanistes, les zoréoles zoophiles centristes ?
par Bruno Testa for clicanoo.com transmis par Altermonde-sans-frontières, vendredi 2 mai 2008