Denis Robert "jette l'éponge", Clearstream dit sa "surprise"

Publié le par caphi

Las des procès et des pressions, le journaliste met un terme à huit ans d'investigation. Contactée par Rue89, Clearstream réagit.

Le passeport de Denis Robert publié sur son blog (DR)
"Ce texte est ma dernière intervention publique à propos de Clearstream." Le journaliste Denis Robert vient d'annoncer sur son blog qu'il mettait un terme à huit ans d'investigation sur la chambre de compensation luxembourgeoise. Un texte qui n'a pas manqué de faire réagir Clearstream, contactée par Rue89.

C'est d'abord l'étonnement qui semble poindre chez Bruno Rossignol, porte-parole de la firme qualifiée de "poumon à la finance parallèle" par Denis Robert:

"On n'attendait rien de particulier, on constate. C'est même plutôt une surprise pour nous."

Cette surprise pour Clearstream est en fait une "décision douloureuse mais réfléchie" selon le journaliste, qui écrit l'avoir prise après sa "lourde et incroyable condamnation pour diffamation (pour un montant de 12 500 euros) par le tribunal de Bordeaux suite à des propos vieux de deux ans et plutôt modérés sur le fonctionnement de cette multinationale qui officie dans plus de cent pays, dont quarante paradis fiscaux".

Denis Robert dénonce "une victoire de la censure"

Le tribunal de Bordeaux n'est pas le seul détonateur, souligne cependant Bruno Rossignol, qui livre son analyse à chaud de la note de blog:

"A le lire, ça n'a pas l'air d'être la seule décision de Bordeaux qui l'a découragé, mais plutôt une accumulation de mauvaises nouvelles, comme également le réquisitoire du parquet de Paris."

Il y a en effet aussi le procès devant le "tribunal de Luxembourg où Clearstream [lui] réclame 100 000 euros en réparation des 421 exemplaires vendus de 'Clearstream, l’enquête' dans le Grand Duché. Plus de 237€ par livre", préfère ironiser Denis Robert.

Et, donc, le réquisitoire supplétif du parquet de Paris, qui demande son "renvoi en correctionnelle pour recel d’abus de confiance et recel de vol de documents bancaires en déformant d’une manière particulièrement malhonnête la réalité de [ses] enquêtes", selon le journaliste.

Clearstream: "Ce n'est pas nous qui condamnons, ce sont les tribunaux"

Le journaliste qui poursuit dans son long texte en dénonçant "une victoire de Clearstream, de ses avocats, de ses juristes, de ses dirigeants, des banquiers de son conseil d’administration. Une victoire de la censure."

Avant d'attaquer une dernière fois et de décocher ses ultimes flèches en direction des avocats de Clearstream, qui veulent le "détruire" et le "ruiner": "Vous vous servez de tout ce qui traîne pour me faire une sale réputation. Peut-être y parviendrez-vous. Peut-être pas."

Des attaques qui n'offusquent plus Bruno Rossignol:

"Ce n'est pas nous qui condamnons, ce sont les tribunaux. Rien a priori dans ce qui est écrit là ne me choque, c'est la reprise de ce qu'il dit depuis le début."

"De nombreux procès restent en suspens"

Fini les livres d'enquête sur le sujet ("Révélations" en 2001, "La Boîte noire" en 2002 ou "Clearstream, l'enquête" en 2006, éd. Les Arènes), place à sa vie de romancier ("Une affaire personnelle" en 2008, éd. Flammarion) comme il le confiait à Rue89 au mois d'avril.

Son "blues", son "jet de l'éponge", l'arrêt de ses investigations changeront-t-ils quelque chose aux "nombreux procès restent [qui] en suspens"? Le porte-parole de la société luxembourgeoise esquive:

"Je n'en sais rien. On va tranquillement analyser la situation. C'est le service juridique de Clearstream qui jugera."

par Julien Martin | Rue89 | 11/06/2008

Addendum le 11/06/2008 à 17h17: Denis Robert a ajouté sur
son blog cette vidéo. Il y lit -ému- la note dans laquelle il affirme qu'il ne parlera plus de Clearstream dans les médias :


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envoyé par erwinact
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