[identité] La machine qui détecte la personnalité
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TROUBLÉ, DUBITATIF PUIS CRAINTIF
Cette drôle de machine est désormais sur le marché du "coaching" et des "psy". Mis au point par Jean-Luc Ayoun, docteur en médecine et acupuncteur, Dominique Zalewki, ingénieur, Hervé Moskovakis, physicien, et Patrick Visier, spécialiste en marketing, QPM est parvenu, quelques mois après son lancement, à convaincre quelques psychologues, psychothérapeutes, psychiatres, formateurs et coachs sportifs. "Au départ, je n'y croyais pas. Je pensais impossible qu'une machine puisse mesurer les fondamentaux psychologiques d'une personne, mais, après avoir passé le test, j'en serais tombée de ma chaise", raconte Anne-Françoise Chaperon, psychologue clinicienne. Après six mois d'utilisation auprès de ses patients, elle constate que ce procédé lui fait "gagner un temps fou sur le diagnostic" en remplaçant les longs tests déclaratifs. "Cela n'a pas révolutionné mon travail, mais cela permet de mieux connaître la personne et d'avoir avec elle un débat plus riche. Il ne suffit pas de lire les résultats, mais de savoir les restituer et de leur donner un sens."
Comment fonctionne QPM ? Ses inventeurs parlent d'"un procédé biophysique" au carrefour des neurosciences, de la psychologie et de la médecine énergétique, basé sur "la résistivité du corps humain". "Cent quatre-vingts points du corps sont repérés et corrélés à des points du cerveau. Ces points nous permettent d'identifier des fonctions comportementales", explique le docteur Ayoun. "Trois ans de recherche ont été nécessaires, et le procédé a été testé sur des milliers de personnes", assure M. Visier. La connaissance de la personnalité se ferait donc sur "la mesure de l'activité bioélectronique de l'organisme". "QPM ne fait que mesurer, c'est un outil pour aider les gens, pas pour les juger", précisent ses concepteurs.
Médecin psychiatre et vice-président de l'Association française de thérapie comportementale et cognitive (AFTCC), Frédéric Chapelle se dit sceptique. "Le gros problème de certaines techniques, c'est qu'il y a toujours des éléments psychologiques sur lesquels le patient peut s'accrocher et être alors en confiance", explique-t-il, en pointant l'absence de "validation scientifique" de ce test.
L'AIDE AU DIAGNOSTIC
Utilisé pour l'orientation et l'accompagnement professionnel, la "connaissance de soi" et l'aide au diagnostic - pour différencier, par exemple, l'anxiété et le stress de la dépression - QPM est officiellement "interdit aux recruteurs et aux DRH des entreprises". "Ce ne serait pas éthique qu'ils l'utilisent, car on en apprend trop sur la personne", insiste Mme Chaperon.
"Il ne faut pas se leurrer sur la position éthique. Il serait naïf de penser que cela ne va pas servir à autre chose", s'inquiète Alix Foulard, psychologue et enseignante associée au Conservatoire national des arts et métiers. "Un portrait est dressé, mais est-ce un portrait de vérité ?", s'interroge-t-elle.
Renseignements : www.quanticpotential.com
Article paru dans l'édition du Monde du 08.08.2007